Ar-gen-ti-na

Publié le par Maj&Mario

Voila comment encourage le peuple Argentin son équipe de foot, fier et orgueilleux. Ils ont de quoi être fiers les Argentins. De leur pays, de leur vin, de leur tango, de leurs pâtes, de leur capitale, de tellement de choses. Si l’inspiration nous a manqué pour décrire notre pays précédent, la Bolivie, avec l’Argentine, on ne sait pas par ou commencer tellement ce pays est passionnant.

De premier abord, la capitale, Buenos Aires, peut paraitre peu dépaysante. C’est une ville moderne, une sorte de New York Parisien, avec ses hauts immeubles et ses larges rues perpendiculaires où déambulent d’innombrables taxis jaunes. Puis vous réalisez que c’est bien plus un Paris New Yorkais, avec ses grands cafés historiques hauts sous plafonds, ses vieux lustres, ses serveurs en tenue noire et blanche et ses immeubles Haussmanniens a perte de vue. Puis, en y restant longtemps, ce qui a été notre cas puisque nous y avons passé plus d’une semaine, vous réaliserez que ce n’est ni Pairs, ni New York, mais que cette ville, derrière ses façades et ses paradoxes mêlant histoire et modernité, est tout simplement l’Argentine, avec son romantisme, son pessimisme et sa personnalité si forte.

Ce qui fait la personnalité de l’Argentine, ce sont d’abord et avant tout ses habitants, une majorité d’Italiens, d’Espagnols et de  Français Basques. Un mélange de bons vivants, d’humour, de caractère de cochon et de fierté mal placée … J On ne peut oublier le côté italien des Argentins car ils ont la même gestuelle, la même façon de parler, les mêmes sculptures magnifiques et surtout la même cuisine. A Buenos Aires il n y a pas moins de 350 restaurants  Italiens dont environ une dizaine avec « les meilleures pâtes de Buenos Aires » Nous nous sommes pris au jeu et avons testé un bon nombre de spaghettis au pesto et  tagliatelles au queso. Notre conclusion : deux kilos en plus chacun et oui, les argentins font bien les pâtes comme de vrais Italiens. Mais si les Argentins sont souvent des Italiens dans l’âme, ils peuvent également être étonnement très fiers et suffisants, en d’autres termes un peu antipathiques (peut être le côté catalan ? J ). Cela est surtout valable pour les portenos, c'est-à-dire les habitants de Buenos Aires. Les Argentins en font d’ailleurs des blagues comme « comment énerver un porteno ? le mettre avec un autre porteno » ou « comment se suicide un porteno ? en sautant du haut de son ego… » et j’en passe…Mais c’est qu’ils sont nombreux ces portenos…L’Argentine ne compte que 40 millions d’habitants (avec une superficie quatre fois plus importante que celle de la France) et pas moins de 13 millions d’entre eux habitent à Buenos Aires. En plus du côté un peu rustre de nos amis, ils dégagent parfois une tristesse comme si le ciel leur tombait sur les épaules. Heureusement, il suffit de faire une petite blague ou de discuter un peu et toute la bonhommie latine des portenos ressort, faisant apparaitre un merveilleux fond. Nous apprendrons donc rapidement à prendre leur côté désagréable pour de l’intégrité plus que de l’arrogance et leur côté triste pour de la mélancolie plus que pour du pessimisme. Pour les Argentines malheureusement, réputées pour être jolies, nous aurons toujours des attitudes hautaines et condescendantes, du début à la fin. Heureusement nous étions prévenus et par les Argentins et par les Brésiliens de ce côté-là. ..

Nous aurons également l’occasion de voir le côté européen des Argentins puisque nous serons à Buenos Aires lors du premier mai, également célébré ici par des manifestations, des drapeaux rouges, des tags sur les bâtiments municipaux et des magasins tous fermés. Un restaurateur Français installé dans le nord ouest de l’Argentine nous dira que si ici, les pots de vins et les paiements en espèce sont monnaie courante, les syndicats étaient extrêmement puissants, peut être même plus qu’en France.  Ils ont aussi un côté « on n’aime pas ceux qui nous gouverne » particulièrement prononcé (on se demande de qui ils l’ont hérité ce côté  là…) si bien que leur présidente actuelle , Cristina Kirchner, n’est autre que notre Ségolène Royale à nous…Elle a beau ne pas avoir un côté Bécassine, les médias et les Argentins en général se font un plaisir de scruter la moindre erreur et de la juger durement. Cela était valable également avec le président qui l’a précédé, qui n’est autre que son mari (on les appelle les Clinton d’Amérique du sud), et pour finalement tous les dirigeants d’avant. Bon, cela étant dit, les Argentins n’ont pas été très chanceux ni avec leur histoire politique ni avec leur histoire économique.

Les problèmes ont débuté avec le Péronisme. Tout le monde connait Eva Peron, dirigeante Argentine plus connue sous le nom d’Evita et dont la vie a fait l’objet du film Evita, avec Madonna (le choix de l’actrice Madonna a fait hérisser les poils de plus d’un Argentin d’ailleurs). Pensant qu’elle était une icône ici, nous réaliserons que nous sommes loin du compte. Eva Peron était une animatrice de radio et une actrice connue avant de connaitre son futur mari, le colonel Juan Peron. De par ses origines humbles, sa popularité et sa relation avec la classe des travailleurs qu’on appelle les sans chemises, elle a beaucoup contribué à l’élection de son mari, tellement que le peuple argentin la demandera en vice présidente au lieu de première Dame. Mais elle préfèrera rester dans l’ombre de son mari et ne jamais être ni présidente ni vice présidente pour, entre autres, ne pas irriter des militaires hauts placés qui la voyaient déjà d’un mauvais œil. Son mari restera Président de l’Argentine de 1946 à 1955. Elle effectuera énormément d’œuvres caritatives, créant des hôpitaux et des orphelinats via sa fondation et œuvrera passionnément pour l’émancipation et le droit de vote des femmes. Elle décèdera malheureusement jeune et au sommet de sa popularité en 1952, alors qu’elle avait à peine 33 ans, d’un cancer. Après le coup d’Etat que connaitra son mari en 1955, l’armée, assistée du  Vatican, décidera de  secrètement et anonymement enterrer le corps  à Rome  avant de le rendre à l’Argentine qu’en 1971. Les Argentins considèrent le Péronisme comme du fascisme. Pour eux, le couple Peron manipulait le peuple, muselait la presse et brulait les livres des intellectuels. On reprochera aux Peron leur bonne relation avec Franco et le fait d’avoir caché bon nombre de Nazis après la deuxième guerre mondiale.  Ainsi, lors du décès d’Eva Peron, alors que des milliers de personnes assisteront aux funérailles, d’autres s’empresseront au cimetière pour écrire sur les murs « vive le cancer » et manifester leur joie. Nous irons visiter le cimetière de la Recoleta à Buenos Aires, considéré comme un des trois  plus beaux cimetières au monde avec celui de Gênes et celui du Père Lachaise. Eva Peron y repose, momifiée. Le guide du cimetière indiquera d’un air désolé le chemin pour la tombe d’Eva Peron à trois ou quatre reprises à des touristes pressés. Il nous avouera regratter que d’autre icônes argentines plus méritantes n’aient pas droit au même succès. Nous irons également visiter le musée d’Eva Peron et en ce qui me concerne, je reste sur ma première vision des choses, même si j’en suis bien plus sceptique, c'est-à-dire qu’Eva Peron était une grande femme généreuse et passionnée, qui est partie trop jeune. Je pense que les courants fascistes reprochés au couple sont bien plus ceux de son mari, à l’éducation militaire et aux penchants bien moins humanistes. Les tensions au sein du couple seront d’ailleurs très vives et régulières tout au long de leur court mariage. Je pense également que les Argentins ont une petite tendance à être misogynes.

 

Après cette période controversée, les suivantes sont nettement plus claires : un coup d’état militaire en 1955, obligeant Peron à s’exiler. Il reviendra au pouvoir après l’éviction de l’armée qui n’aura  lieu qu’en 1973 mais mourra un an plus tard, laissant sa troisième femme au pouvoir, Isabelle Peron (qui réside aujourd’hui à Madrid). S’en suivra un deuxième coup d’Etat en 1976, une période noire pour les Argentins où tous les révolutionnaires seront séquestrés puis portés disparus ( environ 30 000 personnes et aujourd’hui encore, des mères de disparus manifestent tous les jeudis sur la place centrale de Buenos Aires). Puis l’Argentine connaitra la guerre des Malouines en 1982, un président d’origine Syrienne Carlos Menem qui sera élu à deux reprises grâce à un changement de constitution (qui n’autorisait qu’un mandat unique) de 1989 à 1999. Il libéralisera le pays, pillera les caisses, laissera une énorme dette, sera inculpé de vente illégale de 6500 tonnes d’armes à la Croatie et à l’Equateur, et épousera une Miss Mexique de 35 ans sa cadette. Il se représentera en 2001 et sera élu encore une troisième fois mais renoncera avant le deuxième tour… Quand on vous dit que les Argentins sont difficiles à comprendre ! Beaucoup  lui attribuent la responsabilité de la crise car il a laissé un pays extrêmement endetté. S’en suivra la crise de 2001 puis la période Kirchner dans laquelle nous sommes.   

Ce sont peut être pour ces raisons que si les Argentins, comme dans tous les pays d’Amérique du sud, sont religieux même si bien moins qu’au Chili ou au Pérou, ils se sont crée d’autre petites religions pour supporter cette histoire politique difficile, au nombre de trois.

Religion numéro un : la viande. Ici, le Asado (barbecue) remplace presque la messe le dimanche et de la même manière qu’il y a dix meilleurs pâtes de Buenos Aires, il y a une dizaine de restaurants de viande, qu’on appelle parillas, où on est sensé manger les meilleures viandes de Buenos Aires, qu’on couperait presque à la cuillère (oui on a aussi été obligé de les essayer ceux la, donc vous pouvez rajouter des sous en moins aux kilos en plus)Nous ne lasserons pas de déguster ces merveilleuses viandes argentines (les seules comparables sont les viandes de Kobé, au Japon). Or toute bonne viande s’accompagne…d’un bon vin…L’Argentine est également gâtée de côté-là et c’est dans le nord ouest du pays que sont concentrés tous les vignobles, appelés ici bodegas.  Nous visiterons cette région pendant une semaine, slalomant en vélo de bodegas en bodegas, toujours accompagnés d’un fidèle ami chien qu’on se sera fait sur la route, essayant tour à tour leurs merveilleux vins blanc et vins rouges. Nous aurons également l’occasion de visiter dans cette région la maison où à grandi Che Guevara qui, rappelons le n’était pas Cubain mais Argentin.

Religion numéro deux : le foot. Nous réaliserons cela dès notre premier soir en Argentine, lorsque à 20h30 nous déciderons d’aller diner et qu’à notre grande surprise trouverons tous les restaurants avec une pancarte « cerrado » (fermé) sur la porte. Ce n’est qu’au troisième restaurant fermé que nous verrons, en nous approchant plus près de la vitre, les serveurs et le chef devant la télévision, regardant un match de foot. Lorsqu’il y a un match de foot ici, il n ya presque que des femmes dehors, les restaurants sont fermés et la ville est au ralenti. Cela est valable tous les samedis soirs. Décorer un restaurant pour un Argentin consiste à mettre des maillots de foot et des photos de leurs joueurs préférés sur le mur et je serais assez surprise lorsque nous irons dans un restaurant de viandes à Buenos Aires à deux reprises de voir les serveurs jouer au foot à l’entrée du restaurant au lieu de servir, sous l’œil amusé de leur patron. Près du stade, il y a partout des posters, des peintures des statues de Maradona, peu à peu remplacées par Messi. Si les Argentins sont fous de Maradona le joueur, et fascinés par Maradona l’homme, ils sont déçus par Maradona l’entraineur et l’attendent au tournant. ..

Heureusement, pour apporter un peu de grâce dans ce monde de brutes, il existe la troisième religion des Argentins : le Tango. Personnellement, malgré que le Tango aie pris ses origines en Argentine, je pensais qu’il serait ici un peu dépassé et surtout très touristique. Pas du tout.  Le Tango n’est pas démodé, au contraire il traverse les générations et plaît aux hommes, aux femmes aux jeunes, aux vieux, aux pauvres, aux riches aux branchés comme aux classiques… Il fait partie de la vie de tous les jours des Argentins car il fait partie de leur culture, de leur musique. Si vous aimiez le Tango avant d’aller à Buenos Aires, vous ne pouvez que l’adorer après. S’il y a par endroits des tangos dans les rues devant ou dans des restaurants touristiques, avec des figures acrobatiques et des rouges a lèvres rouge fluo, la majorité des Tangos que nous avons vu sont des Tangos authentiques. Pour cela, il faut aller voir des milongas (les milongas sont la musique du Tango mais également des sessions de danse). Pendant les milongas, qui se déroulent généralement le soir dans des endroits de Tango pourvus pour la plupart de merveilleuses pistes, les couples viennent tout simplement boire un verre et danser. Ces couples vont du couple branché trentenaire au  monsieur de soixante ans dont l’élégance compense aisément ses kilos en trop. Les couples dansent sur la piste pendant que les gens regardent en sirotant un café et, en ce qui nous concerne, commentent et élisent leurs danseurs préférés. La danse est magnifique, sensuelle, élégante, la musique est pénétrante et charismatique, les tenues et plus précisément les chaussures sont d’un autre monde. On dit qu’on voit qu’une femme est allée à Buenos Aires en regardant ses chaussures. .. Pour y avoir acheté quatre paires, je ne peux que confirmer ce dicton…Pour une milonga, qu’on soit acteur ou spectateur, on s’habille élégamment et après avoir assisté à ma première en baggy et en baskets  et m’être fait regarder de haut en bas à plusieurs reprises, j’ai immédiatement sorti mes ballerines et mon unique robe de mon sac à dos de routarde pour faire meilleure figure.

Voila l’Argentine. Difficile de faire plus court ou plus simple…Lors de notre voyage en Bolivie nous avions fait la connaissance avec un Argentin qui finalement résumait très bien ce pays : un homme a la barbe mal rasée, aux cheveux longs, vous parlant avec nostalgie de Che Guevara, se plaignant du gouvernement actuel, parlant des années de gloire de Maradona et vous  parlant avec passion du tango. Lors d’un entretien avec notre guide du cimetière, un charmant Argentin d’un certain âge qui était à lui tout seul un livre ouvert il nous dira, après avoir remercié le bon Dieu de ne pas être un Porteno, une citation que nous avons trouvé très vraie « les Argentins sont gens qui sont Italiens à l’extérieur,  Français à l’intérieur, pensent qu’ils sont Anglais et parlent en espagnol ». On n’a pas pu s’empêcher de sourire tellement cette citation pour nous traduisait bien leur complexité…Un pays passionnant.

 

 

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S
<br /> salut vous deux... je lis ça avec délectation et je me suis sentie en plein voyage...que c est bon ces pates à l'italienne, et cette viande fondante et gouteuse..et j ai l impression d'écouter du<br /> tango la..franchement ça donne envie d y aller.. ca a l air d etre toutefois un pays qui attirerait bien les hommes, genre voyage entre copains quoi: foot, viandes, vin, machisme... je suis<br /> contente de votre retour sur paris cette semaine et je vous jure ke je pense à vous tous les jours en ce moment... rentrez bien et bravo bravo bravo...biz<br /> <br /> <br />
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