De Tokyo à Rio : la fin

Publié le par Maj&Mario

 

Rédigé par Maj, troisième et dernier article de cette synthèse du tour du monde

Voila. L’aventure est finie.  Nous sommes de retour sur Paris. La première semaine a été celle des retrouvailles avec nos proches. Un vrai bonheur, un cocon, du confort, plus d’affaires à ramasser, de longs trajets  en bus, de douches communes. Nos amis, notre famille, les petits qui ont grandi, les appartements qui ont changé. Nous sommes sur un petit nuage. La deuxième semaine malheureusement nous sommes vite rattrapés par le stress de Paris. Malgré notre décision d’aborder Paris différemment en marchant ou en vélo au lieu de prendre le métro afin de découvrir ces ruelles parisiennes cachées, notre décision de profiter enfin de ses terrasses, de ses parcs et de ses expositions, nous n’arriverons pas à ne pas être contaminés par le stress parisien. En effet, nous finissons par être rattrapés par nos obligations, manquer de temps puis êtres bloqués pendant des heures en transports en commun dans les bouchons. Nous finissons par êtres pressés et donc par être stressés et le Paris bohême et détendu devra se montrer patient en attendant que nous réglions tous ces petits papiers et rendez vous d’adultes. Je réalise que pour profiter de Paris il faut peut être plus du temps et non de l’argent comme beaucoup le prétendent. Nous passons donc  notre temps dans les papiers à régler, les impôts à payer, les appartements à louer, les chauffeaux à remplacer, la pluie battante, les sirènes de police et les bus remplis à ras bord. Nous comprenons alors nos mères lorsque nous rentrions le soir et qu’elles se plaignaient d’être fatiguées car elles n’avaient pas arrêté de la journée ! Ce n’est pas parce qu’on ne  travaille pas qu’il n y a pas une multitude de choses à faire chaque jour qui sont plus de l’ordre des corvées que du plaisir !  Et ceci n’est que la  version « sans enfants » … Nous découvrons également que Mario s’est fait pirater sa carte au Brésil, d’un montant de 1800 euros, qui seront heureusement couverts par l’assurance. Heureusement nous savons que beaucoup de ces corvées sont dues à notre absence prolongée et devraient s’estomper dans les prochaines semaines, du moins nous l’espèrons.

Huit mois sont passés depuis notre départ. Huit mois ce n’est pas grand-chose et le temps s’est écoulé tellement vite que lorsque nous retrouvons nos amis nous avons l’impression de les avoir vus la veille. Mais nous avons vu tellement de choses, vécu tellement d’aventure, eu tellement d’émotions pendant ces huit mois que parfois nous nous demandons si notre cerveau est assez grand pour les contenir. Aussi absurde que cela puisse paraitre, je me demande comment intégrer cette aventure dans ma personnalité et dans ma nouvelle vie. Partagés entre le fait d’avoir été chanceux d’avoir eu de longues vacances inouïes mais que maintenant le retour à la réalité est inévitable ou bien accorder à ce voyage une dimension bien plus importante en tant qu’expérience enrichissante et profonde qui fait que nous avons changé notre façon de voir les choses et de vivre notre vie.  Il nous faudra du temps et surtout du recul pour digérer cette aventure et pouvoir en tirer quelque chose de constructif pour nous et surtout pour les autres. Nous avons eu de la chance, c’est certain car il faut pouvoir se permettre de quitter son travail, que ce soit au niveau financier pendant cette coupure ou bien au niveau sécurité de l’emploi à son retour. Nous avons vu des endroits magnifiques, qu’ils soient construits par l’homme ou non, appris l’histoire de certains pays dont les médias parlent à peine, découvert des cultures parfois si éloignées de la notre que nous arrivions à peine à l’accepter, rencontré des personnes avec qui les échanges étaient uniques et émouvants, vu des enfants dont les sourires illuminaient notre journée comme jamais. Nous ne sommes plus passé à côté de la vie comme nous le faisions à Paris en travaillant, nous avons pris le temps, tous les jours, de sentir, ressentir, rencontrer, découvrir. Nous avons plus vécu et appris pendant ce voyage en huit mois qu’on aurait pu le faire je pense en dix ans de vie de schéma occidental. Notre esprit est beaucoup plus ouvert et si nous savions auparavant que notre modèle de vie était privilégié et minoritaire sur cette planète, aujourd’hui ces propos sont incroyablement moins abstraits. Nous savons que le modèle moderne et occidental avec cnn, bloomberg, les transports, les bouchons, la décoration d’intérieur, les cours de cuisine, le sport, les restaurants à la mode et les vacances d’été étaient un repère de valeurs occidentales, nous réalisons aujourd’hui à quel point parfois nous nous sommes éloigné des vraies valeurs, de la nature, du temps, de la vie. Nous réalisons à quel point ce modèle que l’on peut considérer aujourd’hui comme universel ne concerne déjà pas presque la moitié de la planète ne serait ce qu’en regroupant l’Inde et la Chine qui à eux deux regroupent deux milliards et demi d’habitants. Les habitants de ces pays, mis à part ceux des très grandes villes qui sont bien entendu une très petite minorité, ont un mode de vie et des repères totalement différents de ceux de villes comme New York, Londres, Paris ou Tokyo. Sans même visiter l’Afrique noire ou l’Indonésie nous avons pris conscience à quel point la population sur terre qui était pauvre ou vivait dans les campagnes dépendant de l’agriculture n’avaient d’autre priorité que d’avoir de quoi se nourrir, s’habiller quelle que soit la marque ou la couleur, d’être en bonne santé et éventuellement de pouvoir envoyer leurs enfants apprendre à lire et écrire à l’école. La vie de ces personnes dépendent de la nature, de la fertilité des sols, des catastrophes naturelles, de la météo, pas nous à Paris qui nous demandons si nous pourrons ou pas pique niquer demain. Nous sommes conscients que ces propos peuvent paraître simplistes et évidents, mais en le voyant de nos propres yeux nous l’avons intégré beaucoup plus profondément qu’un article de journal dans Libération sur les disparités sociales dans le monde ne pourrait jamais le faire. Nous avons compris à quel  point la population rurale était bien plus importante que la population  urbaine car pour cela il faut sortir des villes et avoir le temps de sortir des sentiers battus, nous avons compris à quel point les routes , les transports et les écoles étaient primordiaux pour cette population, qui doit représenter plus des trois quarts de la planète et pour qui le niveau de la bourse, les élections présidentielles américaines, la nouvelle série télévisée à la mode ou le tournoi de Roland Garros n’a aucune signification.

Nous avons appris la culture Inca, les Aborigènes, les Maoris, le monde des alpinistes ou des grands navigateurs, l’histoire féodale du Japon ou l’astronomie du ciel au Chili en passant par  l’incroyable richesse culinaire de l’Inde. Nous avons pris conscience de l’importance des vagues de colonisation et de conquêtes qui font qu’on peut trouver des immeubles à influence arabes au Pérou pour avoir été apporté par les Andalous, des baguettes françaises au fin fond des marchés vietnamiens ou des plats portugais sur des îles chinoises. Nous avons pris conscience que les religions, que ce soit par la pratique de l’Hindouisme, du Bouddhisme ou de Confucianisme en Chine et en Inde, ou par les croyances il y a des siècles ou millénaires des Incas, des Maoris ou des Romains ne se résumaient pas du tout aux trois grandes religions monothéistes mais à de biens plus nombreux  grands modèles de croyances si on s’aventure à voyager géographiquement ou historiquement. Nous avons également découvert tout un continent, l’Amérique du sud, qui avec l’Amérique centrale ne contient pas moins de 21 pays, avec des liens biens plus solides que l’Europe puisqu’ils ne partagent pas la monnaie mais la langue donc avec des informations communes, des chaines télévisées communes, des politiques économiques communes dont nous, en Europe nous n’avons jamais entendu parler car les pays d’Amérique du Sud ne sont pas assez pauvres ni assez riches pour défrayer la chronique. Un autre endroit du monde qui pour moi était abstrait était  l’Océanie. Avec son côté à l’autre bout du monde, l’Australie, la Nouvelle Zélande et la Tasmanie ont un rapport avec la nature comme il n’en existe nulle part. La nature y est reine, et nous avons trouvé cela non seulement déroutant et beau mais surtout incroyablement dépaysant.

Mais voila. Toute bonne chose a une fin et il nous faut revenir dans notre petite société et reprendre notre petite vie. Malgré toutes les bonnes intentions du monde, nous nous retrouverons surement un jour à vouloir des chaussures de marque, à être en retard pour voir notre série préférée ou à surveiller les cours de bourse des actions, car c’est le système dans lequel nous avons été éduqué et dans lequel nous vivons. Peut être que nous ne le supporterons plus ? S’il est évident que nous aurions été totalement incapables aujourd’hui de reprendre nos métiers de courtiers en bourse à Paris, nous sommes plus optimistes quant aux changements de vie que nous envisageons aujourd’hui, comme celui d’essayer d’avoir un bébé, qui nous permettront  une adaptation en douceur à une vie normale et routinière. Nous tâcherons de mettre un peu de ce tour du monde dans notre quotidien, à travers nos emplois, nos hobbies, notre éducation et j’espère que nous parviendrons à redonner à chaque valeur sa juste priorité et à prendre conscience de la petitesse de notre culture, de notre pays et de nous même car cela était l’objectif du tour du monde : apprendre et s’ouvrir l’esprit pour relativiser et gagner en humilité par rapport à notre propre schéma de vie. Car prendre conscience qu’on est petit, c’est finalement être grand.

 

Je veux voir les étoiles la nuit quand je me reveille,
je veux être présent au lever et au coucher du soleil,
je veux respirer l'air frais de la forêt, de la montagne et des champs,
je veux rencontrer des inconnus qui ne me ressemblent pas
et partager avec eux le temps d'une étape
tout ce que je zappe dans la vie de tous les jours.

"Laurent Lelache"

Merci à tous de nous avoir lu, votre suivi nous a été très précieux et nous a encouragé lors des moments difficiles. Nous espérons sincèrement avoir réussi à vous faire voyager un peu avec nous et avoir contribué à rendre plus concrets pour vous ces vingt et un millions de km2.

Maj et Mario.

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
L
<br /> Bonjour vous deux,<br /> c'est la fin de votre merveilleux voyage et pour moi et surtout ma belle soeur Kiki la fin d'une aventure par procuration que vous avez tous les deux réussi à rendre très agréable et tellement<br /> vivante.<br /> Elle a réuni toutes les feuilles et photos que j'ai imprimé, elle en a fait un vrai roman, qu'elle relira avec beaucoup de plaisir.<br /> Merci à vous deux, à bientôt peut-être a JUAN les PINS<br /> KIKI la soeur d'Odette et de nous autres.<br /> Gros Bisous<br /> Oncle Daniel de JUAN<br /> <br /> <br />
Répondre