Si tu vas à Rio…

Publié le par Maj&Mario

 

Rédigé par Mario

Le Brésil n’était pas vraiment prévu au programme. Nous trouvions le pays trop grand et préférions le laisser pour une prochaine fois, Maj n’étant pas très carnaval ou musique brésilienne. Un à priori, que l’on a parfois, du fait de la sonorité de la langue ou bien encore des images clichées véhiculées par les touristes ou les médias. Mais un à priori qui sera bien vite remis en question au détour d’une rencontre. Cette rencontre c’est en Bolivie que nous l’avons faite. Et à cette occasion nous avons pu voir combien les Brésiliens sont réellement des personnes très communicatives et à la joie de vivre contagieuse. Comme nous devions nous rendre à Iguazu près de la frontière du Brésil (afin d’y voir les célèbres Chutes d’eaux) et vu que les vols au départ de Buenos Aires étaient tous complets à nos dates, il ne nous en fallait pas plus pour nous décider à changer de programme et à nous rendre au Brésil.

 

Nous arrivons donc à Puerto Iguazu, c’est du coté Argentin. Après Buenos Aires, c’est un changement ! Une petite ville, presque un village, avec une végétation luxuriante, normal, nous sommes au plus près de la forêt amazonienne, et une terre rouge ocre qui contraste le tout. Il fait beau mais nous sommes crevés et donc nous remettons au lendemain la visite des chutes. Mauvaise idée … le lendemain il pleut averses.

La pluie, le mauvais temps nous n’en avons pratiquement pas eu pendant ce voyage et moins encore depuis que nous sommes en Amérique du Sud. Autant dire que nous étions surpris, et même un peu déçus car nous étions impatients de voir les chutes. Mais bon, nous prenons notre mal en patience et remettons au lendemain, une fois encore, cette visite.

Le lendemain nous sommes enfin récompensés, il ne pleut plus et nous pouvons enfin voir ces fameuses chutes… Leur réputation n’est pas usurpée,  c’est un spectacle unique, formidable, grandiose (même s’il ne fait pas très beau…). Alors d’après notre guide, la vue la plus saisissante, se trouve sur le chemin supérieur avec comme point d’orgue « la Garganta del Diablo ». C’est vrai que l’on surplombe les chutes et c’est superbe, mais  moi j’ai très largement préféré le chemin inférieur, qui vous amène au plus près des chutes et où l’on peut véritablement prendre la mesure de leur puissance (douche garantie en prime !). Dans tous les cas, c’est tout simplement extraordinaire et l’on se retrouve une fois encore tout petit face à la nature.

Après le coté Argentin nous devions faire le coté Brésilien, mais nous choisirons de ne pas le faire car il s’agit d’une vue d’ensemble, un peu plus éloigné, différente donc, mais je craignais que cela ne soit beaucoup moins bien, et puis financièrement il nous fallait faire un peu attention. Nous irons directement au cœur du Brésil.

Nous franchirons la frontière en quelque secondes, pour le coup, il s’agit d’un bonjour/au-revoir sans plus de formalités qu’un tampon sur le passeport et nous partirons directement direction Sao Paolo en bus de nuit.

 

Les bus de nuit au Brésil n’ont rien à voir avec ceux d’Argentine ou du Pérou, on oublie le service, on oublie le petit film, et pour l’alimentation, il y a de nombreux arrêts dans des sortes de « cantina » populaire le long des routes. A cette occasion d’ailleurs, tout le monde ou presque descend du bus et va s’acheter de quoi manger ou grignoter et renouvelle l’opération à chaque fois, même si la dernière pause déjeuner n’est pas encore totalement digéréeJ. Je vous ai dit que les Brésiliens étaient des gens communicatifs, qu’ils adoraient parler, non ? Bon et bien sur les dix heures de trajet pour rallier Sao Paolo, nos voisines de derrières auront fait une pause sommeil de 3h dans leur conversation, tandis que nos voisins de droite, en particulier l’un deux n’aura pas cessé de parler de tout le voyage, y compris lorsque son voisin dormait (discuter seul et refaire le monde ne pose pas de problème à nos amis brésiliens, quand ils sont lancés rien ne les arrête !). Nous arrivons donc un peu fatigués…

Nous devions poursuivre jusqu’à une petite ville coloniale, pleine de charme, Paraty, il n’était donc pas prévu de s’arrêter à Sao Paolo. Mais n’ayant pas bien compris le vendeur de billet lorsque, très certainement, il m’indiquait que le bus souhaité partait d’un autre terminal que celui ou nous trouvions, nous attendrons gentiment et louperons notre bus prévu deux heures plus tard… Je me retrouverais désolé et tout penaud, et nous prendrons donc le suivant qui partait dans quatre bonnes heures. Entretemps nous déciderons de visiter la ville, a quelque chose malheur est bon ! Sauf que nous n’adorerons pas ce que nous découvrons de Sao Paolo. Une grande ville, avec tout ce que cela comporte, grand buildings, grandes avenues, peu de gens dans les rues (mais nous sommes dimanche). Des rues plutôt sales, et de manière générale un sentiment d’insécurité permanant. Nous ne regretterons pas notre de décision de filer directement pour la petite ville de Paraty.

A notre arrivé à Paraty il est 22h, le temps de trouver notre hôtel/pousada (petite maison familiale), en suivant les indications d’un très gentil monsieur (tous les Brésiliens que nous avons rencontrés, sauf peut-être à Sao Paolo, ce sont montrés adorables) et nous nous écroulons de fatigue. Paraty  est une ancienne colonie portugaise, qui a su conserver son cachet colonial, et nous déambulons dans les rues avec bonheur c’est très, très, agréable. Le centre de la ville est interdit à la circulation et les rues sont toutes pavées. Les fortes pluies des jours précédents lui conféreront d’ailleurs, des airs de petites Venise, certaines rues se trouvant complètement sous l’eau. Nous dégusterons notre meilleure Caïpirinha à Parayi, sauf que nous ignorions alors que ce serait la meilleure de tout notre séjour… 

Pour la petite histoire, le Brésil est le dernier pays de tout le continent d’Amérique (Nord et Sud compris) à avoir aboli l’esclavage, en 1888, ce qui explique aussi que la population soit un tél mélange de blancs, de noirs et de métisses (de mon point de vue c’est génial et sans doutes la raison pour laquelle les brésiliennes sont si jolies).

 

Depuis Paraty nous visiterons les superbes plages avoisinantes, mais pas toutes (il y en a plus de 65 !), puis nous partirons pour une petite île situé à environ une heure de Rio de Janeiro, le petit paradis « d’Ilha Grande ». 

Sur Ilha Grande, nous ferons un trek dans la jungle de près de trois heures afin de rejoindre une des dix plus belles plages du Brésil, et nous passerons un des meilleurs moments de notre séjour, dans notre petit hôtel aux colibris. Si bien que nous quitterons l’île à regret, mais tout de même pour nous rendre à Rio!

 

Rio est une ville mille fois célébrée, mais ô combien à juste titre. Nous arrivons dans le quartier d’Ipanema où nous logerons. Nous l’avons choisi au détriment du célèbre et populaire quartier de Copacabana, qui à connu son heure de gloire il y a quelque années, mais est devenu aujourd’hui moins couru et plus dangereux. Il fait beau, chaud et la plage est là, tout partout, sur plusieurs kilomètres, comme dans les cartes postales mais en plus beau. Les plages se suivent les unes aux autres et s’étendent tout le long de la ville. Nous avons hâte, moi surtout, d’aller voir ces plages mythiques (non pas que pour les jolies brésiliennes…).  Nous ne serons pas déçus, la plage d’Ipanema s’étend tout le long du quartier du même nom (Rio est juste gigantesque), avec le long des voies de circulations des pistes cyclables, ou les cariocas, hommes et femmes, font leur footing, du vélo ou du skate. La mer et la plage sont superbe avec d’énormes rouleaux, pleins de surfeurs dans l’eau et oui, disons le, pleins de jolies brésiliennes. Mais c’est surtout le Week-End que l’ambiance de la plage prendra tous sont sens, cela tombe bien, nous sommes à Rio le Samedi et le Dimanche !

En effet, la plage est prise d’assaut par une foule de Cariocas, toutes les fins de semaines, dans une ambiance bon enfant, sur des chaises rouges, où chacun observe son voisin(ou sa voisine) et se prends au jeu des marchand ambulants de maillots, de boisson et de nourriture, tous plus originaux les uns que les autres. Le grand sport, sur la plage quant on n’est pas surfeur, c’est vraiment ça, regarder les autres, mais sans chichis, dans la bonne humeur et la décontraction, la « felicidad » quoi. Je dis ça aussi, parce-que le surfeur, lui, il vient avec sa très jolie copine, lui fait trois bisous et puis la plante là, pour aller dans l’eau pendant trois bonnes heures… si, si c’est du vécu. Nous, nous ne sommes pas surfeurs, et comme de surcroit nous sommes touristes, regarder est très fortement conseillé, et nous ne en priverons pas. Majdou n’arrêtera pas de me faire remarquer un tel ou une telle, et se surprendra elle-même à rester la bouche ouverte, sans pouvoir lire, devant la plastique de certaines naïades. Dur, dur le Brésil, très dur !

Rio ce n’est pas que la plage, c’est aussi le temple du foot, avec le mythique stade du Maracana. Vous ne pensiez tout de même pas que nous séjournerions là-bas sans nous y rendre ?

Nous aurons la chance de voir un match du championnat, opposant l’un des quatre grands clubs de la ville à une autre équipe du pays. Ce fut une expérience mémorable. Le stade contient près de 90000 personnes (à l’origine il pouvait en contenir près de 200000, mais a fait l’objet de travaux en vue de la coupe du monde, pour être aux normes). La particularité de ce stade est de voir les gradins du niveau bas être au plus près du terrain et donc des joueurs (contrairement au Stade de France, où quelque soit la place assise, on se trouve relativement éloigné du terrain). Du fait de cette particularité, le spectacle est aussi bien sur le terrain, que dans les gradins.

Le stade n’avait beau être plein qu’au tiers, il y régnait une ambiance formidable, avec des supporters chantant sur des rythmes endiablés de « battoucada » (principalement dans les hauteurs), tandis que plus bas, chaque supporter y allait de son conseil, voire de ses critiques, directement aux joueurs et à l’entraineur. En effet, ici on vient en famille, le papa, la maman et les enfants (il n’y a pas d’âge pour les enfants !), ou bien tous seuls. Il y a autant sinon plus de femmes que d’hommes, et pas de distinctions.

Mais le foot c’est une affaire sérieuse, une religion presque, mais à la Brésilienne, c'est-à-dire toujours ambiance bon enfant, et toujours festif. Mais bon, cela n’empêche pas d’avoir un avis et de le faire connaître, que l’on soit homme ou femme, tous le monde est ici un entraîneur en puissance, et cela crie fort, gesticule des bras, fait les cents pas pour attirer l’attention du joueur, ou de l’arbitre, qui a ou n’a pas sifflé la faute. Bref cela sort des tripes, et quand l’équipe marque, alors là, tout le monde exulte et se met debout pendant un bon moment, tandis que les panneaux d’affichages  et les écrans de télévisions passent et repassent en boucle « GOOOAAAAL ».

Il s’agissait d’un match de début de championnat, si bien que le stade était à peine plein au tiers, mais étant donné l’ambiance déjà présente, je n’ose imaginer ce que cela donne avec un stade plein, cela doit tout simplement être une expérience hallucinante !

 

Les plages, les filles, le foot et quoi d’autre me direz-vous ? Quoi vous ne l’avez pas encore compris, partout ou nous sommes allez, qu’est-ce qui revient souvent, pour ainsi dire tout le temps ? La cuisine ! Et bien oui, nous faisons aussi un tour du monde culinaire…

De ce coté le Brésil c’est particulier, et se résume à du copieux, bon, simple et naturels. Ici, par exemple, vous avez des fruits en abondance, plus que dans n’importe quel autre pays (normal, le pays est énorme, dispose d’une des plus importantes agricultures au monde, avec un climat tropical idéal, sans parler de l’Amazonie). Pour le coup, vous trouverez tous les vingt mètres un bar à jus de fruits frais.

Pour ce qui est de la restauration, le plus populaire et économique, mais aussi excellent concept de « Comida al kilo ». Des restaurants, du type buffet où l’on paye au poids, mais avec une qualité toujours au rendez-vous, des plats simples, très variés et sains. Le seul problème pour nous c’est que comme tout avait l’air bon, nous repartions le plus souvent en ayant trop mangé! Dans un autre registre, mais toujours dans le même esprit il y a les « Churrasqueria », restaurants de viande, dont la particularité est d’offrir pour un prix fixe, des pièces de viandes à volonté. Des serveurs circulent avec des broches énormes, avec différents morceaux de viande, juteux et parfaitement cuits et vous proposent de vous servir (jusqu’à plus faim !). Certains, repartiront presque dépités pour peu que vous refusiez leurs propositions. Le concept est très simple, vous avez un petit jeton, coté pile : Encore, coté face : Stop… le tout dans la bonne humeur et la « felicidad »… petits appétits, s’abstenir.

 

Rio, c’est aussi le Corcovado, et le fameux Christ. Dans la série, j’ai de la chance, et partout où nous allons il n’y souvent des catastrophes (avant ou après), le Christ était toujours en travaux, et nous ne pourrons pas en profiter pleinement du fait des échafaudages. Cependant, la vue du mont Corcovado est sublime, elle surplombe toute la ville de Rio et l’on peut mieux se rendre compte vue d’en-haut du pourquoi du charme de cette ville. Cette ville est pareille à une gigantesque Ile, entourée de très longues et superbes plages, Copacabana, Ipanema, Leblon etc. d’un coté il y a la mer, de l’autre une énorme lagune, beaucoup de verdure, de parcs, le fameux Jardin Botanique, un vrai petit paradis, si ce n’était pour les « Favelas ».

Les « Favelas », nous irons les visiter. En effet il existe depuis vingt ans un service touristique qui propose d’aller au cœur de certaines Favelas. C’est le seul moyen pour un non initié, ou un touriste d’approcher, sans risque, d’une certaine façon la réalité de ce monde, de la face cachée de Rio. Cachée enfin pas vraiment, car les « Favelas » sont tout autour de Rio, dans les hauteurs (elles bénéficient paradoxalement des plus belles vues) et jouxtent très souvent les beaux quartiers, et les plus riches. Ce sont encore aujourd’hui et pour la plupart, des zones de non droit, où la police n’est pas la bienvenue. Pourtant, la délinquance y est moins importante, les barons de la drogue y veillent, pour ne pas attirer l’attention des forces de l’ordre et pouvoir continuer tranquillement leur trafic de stupéfiants.

Que sont les « Favelas » ? Ce sont les domiciles des populations venus de la campagne, pour chercher du travail en ville, mais dont le salaire minimum ne leur permet pas de se loger en ville. Alors, ils vont sur les terrains publics aux alentours, et construisent de leur mains et par leurs propres moyens des habitations. Ces constructions sont plutôt anarchiques et ne répondent à aucun critère d’urbanisme, mais sont néanmoins solides (beaucoup de ces populations ont travaillé ou travaillent dans le bâtiment). Cependant, elles ne prennent pas en compte les risques inhérents à la localisation, au terrain, avec les conséquences tragiques que l’on sait, lors de fortes pluies, et de glissements de terrains. Le gouvernement brésilien à très longtemps nié jusqu’à leur existence et s’est complètement désintéressé du problème, ce n’est aujourd’hui plus le cas et progressivement, il essaye d’intégrer ces villes dans la Ville. Ce n’est pas une tache aisée, car cela requiert de fournir des infrastructures de bases, routes, voirie, écoulement des eaux usées, eau courante, électricité, téléphone et surtout rétablir l’ordre policier au détriment des barons de la drogue. La vie est dure, mais les populations que nous y avons croisé  n’étaient ni agressives ni ne paraissaient aigries, bien au contraire, toujours d’une extrême gentillesse, des sourires, peut-être un peu de joie contre l’adversité.

 

Loin d’une expérience voyeuriste, cette expérience nous a permis de mieux comprendre la réalité des « Favelas ». Notre guide, issu de ces « Favelas », nous en expliquait la réalité, les changements en cours, et a beaucoup insisté sur les améliorations. Nous avons aussi contribué par ce biais à soutenir le projet associatif et scolaire, patronisé par cette agence au sein des « Favelas ». Mais bien entendu, nous comprenons parfaitement que nous n’avons vu que la surface du problème et que nous nous sommes rendus que dans lieux pacifiés et calmes… les Tours Opérateurs ne prendraient pas le risque d’exposer leur clients en pleine guerre de bandes rivales ou d’une descente de police.

 

Il est l’heure de partir, de quitter le Brésil (mais nous y reviendrons, car « la felicidad » est ici le maître mot, la religion absolue). Nos 20millions de Km2 s’achèvent ici, à Rio, il y a pire c’est vrai. Il fait 27°C aujourd’hui, Paris nous attends, on y annonce de la pluie et une température de 15°C, je n’ai rien dit à Majdou pour ne pas la déprimer d’avantage (de toute façon la météo n’est jamais très fiable). Nous allons bientôt vous revoir tous, c’est un curieux mélange d’amer et de doux, de désir et de regrets… ces derniers jours à Rio avaient un air de vacances et plus vraiment de tour du monde, c’est drôle mais cela on ne s’y attendait pas !

 

 

N.B : Un prochain et dernier article sera posté sur notre blog au courant de la semaine.

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